Discours en mémoire de M. Le Moucheux - 17 mai 2018

Jeudi 17 mai 2018 à 18h
Nous voulons saluer ce soir la mémoire d’une figure de notre collège.

Une arrivée à Rocroy, une entrée au collège, dans ces murs ayant vu tant d’élèves, c’était d’abord entendre cette voix qui s’élevait au-dessus de toutes les autres et du brouhaha matinal, cette voix de Jean le Moucheux qui vous appelait à l’ordre, au silence, au respect et parfois au réveil.

De la sixième à la troisième, les professeurs changeaient, les classes se reformaient, les camarades évoluaient. Monsieur le Moucheux était lui toujours là, constante autorité du surveillant général du collège. Repère et personnalité marquante, il maîtrisait parfaitement l’équation entre la proximité nécessaire pour nous connaître, et la distance indispensable pour nous tenir. Elèves, nous redoutions son regard exercé, lucide, connaisseur de nos facéties et de nos erreurs.

Monsieur le Moucheux savait manier, plus encore que le sifflet ou le jeu de clés, la juste sanction. Qu’il s’agisse des immuables avertissements, consignes, mise à la grille (jusqu’à ce que ladite grille n’existe plus), que cette sanction émane d’un professeur, surveillant ou membre de la communauté éducative, elle était assignée et appliquée avec fermeté et détermination, mais toujours dans un esprit, d’apprentissage, de pédagogie, d’amélioration de l’élève, la devise ‘In Labore Requies’ en filigrane. Pour lui, cette décision n’était utile que si elle montrait le chemin.
Cette fonction, monsieur le Moucheux l’a incarnée avec toute la droiture et la justesse qu’elle nécessitait. Là ou d’autres y verraient une rupture du lien avec l’élève, un renoncement à l’échange, lui faisait appliquer les règles avec conviction et conscience.

Sa mission était difficile, mais elle l’animait. C’était toute sa force, et elle nous protégeait.

Pour nous, élèves, il était secret. Sans doute lui causions-nous des préoccupations fréquentes, qui ne lui permettaient pas d’avoir autant de disponibilité qu’il aurait voulu pour sa famille, à qui nous pensons aujourd’hui. Sans doute décevons-nous parfois ses espoirs de nous voir grandir plus vite, grandir enfin. Il n’en montrait cependant rien, ou si peu.

Nous garderons en mémoire cette volonté de Jean Le Moucheux de nous voir toujours mûrir, nous assagir, et sa constante bienveillance à l’égard de tous ceux qu’il a rencontrés dans notre institution. Puisse-t-il entrer apaisé dans son éternité : avec son aide, nous avons bien grandi.

L'Association Amicale des Anciens Eleves de l'Ecole Rocroy Saint Léon